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Relevé typologique de calades – 4 parcs naturels régionaux du Massif Central

 

CALADE/ Les calades désignent un tapis de pierres posées verticalement sur chant jointoyées à sec avec un mortier de chaux ou de terre. Calader est l’art de choisir et d’assembler les pierres pour habiller les ruelles, places et jardins.

Une calade réalisée dans les règles de l’art, par des professionnels « caladeurs » offre une grande résistante aux eaux de pluie, aux agressions mécaniques et climatiques. Elle présente des qualités en terme d’écologie (peu d’outils, pierres, chaux), de patrimoine (restauration de site) et de longévité, d’esthétique (palette large ), d’environnement (la calade canalise les eaux de ruissellement, permet la stabilisation des sols pentus).

 

La complexité de l’histoire géologique du Massif central et la grande variété de roches que l’on y trouve expliquent la diversité des paysages que l’on y rencontre. Territoire traversé par les hommes (à l’image du chemin de la Régordane, plusieurs fois caladé et restauré au fil des époques), point de passage sur la route entre l’Ile de France et la Méditerrannée, et par les eaux (le massif est surnommé « le château d’eau de la France »).

Les quatre parcs arpentés dans le cadre des relevés typologiques de calades présentent ainsi des contrastes forts, entre eux, et au sein même de chaque entité. Si les pierres différents selon les lieux, les techniques et mises en œuvre restent les mêmes : du granit des Monts d’Ardèche, au calcaire des Causses, en passant par les Cévennes plus contrastés, nous retrouvons des techniques et savoirs-faire similaires (harpages, fils d’eau, cunettes, pas d’ânes,etc).

Les calades rencontrées, quelques soient leurs typologies (chemins ruraux, montagnards, ruelles et places urbaines ou péri-urbaines), témoignent du rapport intime des hommes avec leurs lieux de vie et les gisements présents sur place. Elles permettent de conduire et faciliter le passage, des hommes, des bêtes, et des eaux. (logiques d’assainissement, de confort de marche, d’ascension de zones abruptes).

Sur le territoire, la rencontre avec les surfaces caladées ne peut se faire qu’à partir d’investigations, intuitions et découvertes fortuites car le sujet est assez peu connu, et reconnu ? Contrairement aux constructions « verticales », murs, bâtis, qui bénéficient d’une certaine reconnaissance « de fait » comme éléments faisant « patrimoine », les sols, sous prétexte d’être « foulés », ne semblent pas susciter le même intérêt.

Le patrimoine constitué par les multiples fragments disséminés sur les quatre parcs mérite donc une attention particulière, ce qui nécessite une acculturation sur le sujet (notamment à destination des élus et aménageurs).

Nous rencontrons des zones caladées entièrement recouvertes par de l’herbe : en l’absence de pâture par des animaux de passage ou désherbage fréquent, les joints en terre de ces ouvrages sont voués à être envahis par la végétation, faisant disparaître leurs motifs et subtilités de mise en œuvre.

Depuis plusieurs années, les aménagements contemporains ont eu tendance à recouvrir les sols caladés (bitume, enterrement des réseaux) ce qui pose la question évidente de l’étanchéité des sols et de l’appauvrissement de leur esthétique. Nous sommes passés de chemins et places « vivants », qui évoluaient au fil des saisons, respiraient, et étaient régulièrement rénovés, à des voiries adaptés aux voitures, imperméables et uniformes. Ces nouvelles techniques répondent à des obligations d’accessibilité pour tous des espaces publics et également à des préoccupations de nuisances sonores. Les ouvrages les mieux préservés se retrouvent donc parfois dans les espaces privés qui ont échappé à l’uniformisation et aux travaux d’ampleur de réfection des réseaux et voiries.

 

Etude réalisée par ELIPS dans le cadre du programme LAUBAMAC.

Illustrations : FAR Paysagistes

PNR des Monts d’Ardèche

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